L'artisanat des objets en fil de fer
Au cours d'une balades dans la campagne, vous découvrirez peut-être, par hasard, un brin de fil de fer. Il gis là, au fond d'une grange, parmi d'autres objets et outils mis au rebut. Il avait servi à clôturer les champs, et lors de sa vie au grand air, il avait pris de belles couleurs. Il était à la fois léger et robuste, fin et solide.
Malgré tout, vous lui réservez un sort peu enviable: vous le tordez en volutes, noeuds, spirales, cambrures, et entrevoyez ainsi les possibilités infinies qu'il avait encore à offrir. Et depuis ce jour, vous n'aurez certainement de cesse de chercher d'autres brins de fil de fer. Au gré d'une inspiration vagabonde, le fil de métal s'invente sous des formes légères et aériennes, puis s'invite dans nos salons feutrés.
Hier utilitaire et rustique, aujourd'hui précieux et raffiné, le fer a plus d'un fil à son arc, tout dépend de la manière dont on le considère. Mais la vraie valeur des choses n'est-elle pas là ?
Aujourd'hui encore, ils sont quelques créateurs à perpétuer l'artisanat du fil de fer à travers la création d'objets de décoration. Cet artisanat, pourtant vieux de quatre siècles, semble encore pouvoir étonner et engendrer de nouvelles créations. Parmi les objets en fil de fer d'hier, d'abord ustensiles populaires utilisés par nos grands-mères, certains sont aujourd'hui de véritables pièces de musée.
L'origine de la fabrication des objets en fil de fer
Cet artisanat est apparu au nord de la Slovaquie au XVIIème siècle. Dans ces régions, le fil de fer était utilisé par des "raccommodeurs" ambulants pour réparer des terres cuites domestiques ( assiettes, pichets... ) en échange d'un simple repas.
Il semble que dès la fin du XVIIIème siècle, outre la restauration de ces objets, certains de ces artisans fabriquaient déjà des ustensiles entièrement en fil de fer dont ils faisaient commerce. Colporteurs, ces hommes voyagèrent très vite dans tous les pays voisins, certains s'installèrent en Russie, Allemagne, France et même aux Etats-Unis où ils exportèrent leur savoir-faire.
Au milieu du XIXème siècle, des ateliers organisés prirent un réel essor. En France, ils se trouvaient au nord et à l'est du pays, en Bourgogne, dans les Vosges et en Alsace. Des régions où l'on trouve, encore aujourd'hui, beaucoup d'objets en fil de fer sur les étales des vides-greniers.
La technique de fabrication
A l'origine, la technique était extrêmement rudimentaire: le fil de fer, accroché en bobine à la ceinture des colporteurs, était torsadé et noué grâce à une petite pince. Le résultat était très sommaire, mais la technique était garante de qualité! Ces hommes utilisaient alors des fils recuits, étamés ou galvanisés.
Dès la seconde moitié du XVIIIème siècle, certains artisans habiles créaient des objets plus élaborés, qui étaient inspirés de pièces en osier, en verre ou en céramiques. Ils étaient montés à partir d'une armature en fil de fer épais, recouverte ensuite de fil plus fins, travaillés en torsades tressées et nattées, pour créer guirlandes, pompons et toutes sortes de motifs décoratifs. La pièce, une fois terminée, était ensuite étamée pour retarder l'apparition de la rouille.
Les années de 1870 à 1900 furent une période de production foisonnante où chaque atelier rivalisait de dextérité et d'imagination.
Des objets d'une grande variété
Pour beaucoup d'entre nous, les objets en fil de fer représentent avant tout le souvenir des paniers à salade, paniers à oeufs, cages à oiseaux et corbeilles à pain sortis des cuisines de nos grands-mères.
En effet, au début du XXème siècle, toutes les ménagères achetaient ces ustensiles bon marché dans les bazars de quartiers, sur catalogues ou dans les grands magasins. Ces objets domestiques sont d'ailleurs courants sur les marchés aux puces en France !
Mais il existe toute une variété d'objets moins répandus comme des jardinières ornememtales, des séries de jouets ( dînettes, mobiliers de poupée souvent réalisés en pièces uniques ), des armatures à topières, des mannequins, des tourniquets pour cartes postales...
Des pièces plus rares
Ce sont certainement des pièces uniques, commandées pour de grandes occasions comme les mariages: candélabres, lustres, corbeilles de trousseau etc.
On en voit très peu. Les artisans y ouvrageaient une date, un nom, un monogramme ou un coeur travaillé comme une broderie.
Ce sont de véritables pièces de musée que seuls de rares collectionneurs possèdent !